Etre expert de justice, c’est faire preuve de compétences techniques, de connaissances procédurales et de talent pédagogique. Les compétences techniques s’acquièrent par l’enseignement, se développent par la pratique professionnelle, par la réflexion, par la participation à des colloques et autres réunions, par la lecture d’ouvrages spécifiques et par des échanges informels avec les acteurs du même domaine. La connaissance des règles de procédure est une obligation devenue légale. Ces règles sont exposées dans les codes dont elles ne sont qu’une partie. L’expert doit les connaître, les comprendre et les appliquer strictement pour éviter de s’aventurer sur un terrain qui n’est pas le sien. Le talent pédagogique passe d’abord par la constante maîtrise de soi et de ses émotions. Pour asseoir son autorité il faut avoir lu tout ce qu’on a reçu, connaître parfaitement son dossier, préparer ses réunions, soigner ses écrits et prendre de la hauteur quand le ton s’élève. De nombreux organismes plus ou moins commerciaux proposent aux experts des formations exclusivement juridiques, dispensées le plus souvent par des universitaires, voire des magistrats, quelquefois des avocats. Espérer apprendre au cours d’une ou deux journées de séminaire, même une semaine, ce que les professionnels du droit mettent des années à acquérir relève d’une grande illusion. D’autant que les formateurs ne peuvent apporter à leurs auditeurs qu’un savoir théorique qui a rarement été soumis au feu du terrain, là où le monde judiciaire attend un technicien. L’expert préférera la formation labellisée par le Conseil national et dispensée dans les centres de formation et/ou chez les compagnies actives par des magistrats, des experts et d’autres formateurs, à l’aide de modules conçus par la commission Formation et Qualité dans l’Expertise. C’est ainsi qu’il progressera et deviendra au fil du temps un expert confirmé et reconnu, pas un apprenti juriste exposé aux pires déconvenues.