Le constructeur automobile Volvo a été condamné jeudi à 200 000 euros d’amende pour homicides et blessures involontaires par le tribunal correctionnel de Saverne (Bas-Rhin) après un accident impliquant le système de freinage d’un de ses véhicules. Catherine Kohtz, qui circulait le 17 juin 1999 dans une rue en pente du centre de Wasselonne, avait perdu le contrôle de sa Volvo 850 TDI break automatique et avait fauché trois enfants âgés d’une dizaine d’années sur un trottoir. Deux d’entre eux étaient morts, le troisième avait été grièvement blessé. La conductrice, une enseignante âgée à l’époque de 49 ans, a été condamnée à six mois de prison avec sursis, un an de suspension du permis de conduire et 300 euros d’amende pour les homicides et blessures involontaires ainsi que pour défaut de maîtrise de son véhicule, conformément aux réquisitions du parquet. Elle avait affirmé que ses freins étaient devenus subitement très durs au point de lui interdire tout freinage. « En fournissant un véhicule dont le système d’assistance au freinage pouvait présenter une défectuosité inopinée et en s’abstenant d’informer les conducteurs d’une défaillance possible, même si elle était exceptionnelle, la société Volvo Car Corporation a commis une faute de négligence qui est une des causes de l’accident et de ses conséquences tragiques », estime le tribunal. Il attribue néanmoins à la conductrice la cause « directe » du drame. Le procureur de Saverne, Nicolas Brignol, était parvenu aux mêmes conclusions le 15 novembre dernier. Il avait requis 150 000 euros d’amende contre le constructeur suédois, « principal responsable de l’accident ». Il avait demandé que le cas de Catherine Kohtz soit « apprécié avec humanité » tout en estimant que celle-ci, confrontée à un problème inattendu, n’avait pas eu les réflexes qui auraient pu éviter le drame, en utilisant par exemple, son frein à main ou sa boîte de vitesses. A bon compte « J’aurai été un petit peu la victime d’une avancée technologique », a réagi cette dernière en estimant que Volvo regarderait désormais « à deux fois » le système d’assistance au freinage monté sur ses véhicules. La mère de Miguel, l’un des enfants décédés et de Grégory, celui qui a été blessé, a en revanche estimé qu’elle s’en tirait à bon compte. « J’ai payé une amende de 386 euros pour un mauvais stationnement. Comment voulez-vous apprendre à des enfants la justice », s’est exclamée Cathy Antunez. L’expert judiciaire a mis en cause un défaut d’étanchéité du système d’assistance au freinage des Volvo 850 TDI, un problème connu de Volvo qui avait demandé à ses concessionnaires d’y remédier lors des révisions périodiques sans toutefois procéder à un rappel général. La correction avait été effectuée sur le véhicule de Catherine Kohtz un an et demi avant l’accident mais de manière incorrecte en raison d’une note technique mal rédigée et d’un kit de réparation inadapté, selon l’expert. Volvo, qui a fait réaliser plusieurs expertises et crash tests à ses frais, a contesté pour sa part qu’une défaillance subite ait pu abolir totalement le freinage et plaide pour une vitesse excessive. « Soit la conductrice roulait plus vite que les 40 kilomètres heures qu’elle affirme, soit elle a confondu le frein avec l’accélérateur », a dit au tribunal Didier Lefèvre, ingénieur expert auprès des sociétés d’assurance que le groupe suédois avait mandaté pour le représenter à la barre. Volvo a de tout temps fait de la sécurité et de la fiabilité de ses véhicules l’un des axes majeurs de ses campagnes publicitaires. Le constructeur, aujourd’hui filiale de Ford, devrait logiquement faire appel. Reuters